COLLOQUE : L’infantile, la connaissance et l’ignorance

colloque Alpace 5 avril

vendredi 5 avril 2024
Centre des Congrès de Saint-Étienne

La question de l’infantile est le fil rouge des colloques d’ALPACE. Après avoir exploré les traces des expériences infantiles douloureuses, traumatiques (2016) ou bien heureuses, ludiques (2018), le devenir de l’infantile dans les liens entre les sujets (2020), puis les rapports de l’infantile avec les affects d’amour et de haine (2022), nous explorerons cette fois les effets de l’infantile dans les processus de connaissance et d’ignorance.

Le besoin de connaître, de savoir est un besoin fondamental, dès bébé. L’apprentissage, le fait d’apprendre sur le monde est une nécessité. Certains psychanalystes en faisaient même une pulsion ou un lien fondamental au monde. Mélanie Klein parlait de la « pulsion épisté-mophilique » qui pousse le bébé à établir des équations entre les expériences qu’il vit ou les objets qu’il rencontre, à fabriquer des symboles. Bion employait le terme de « pulsion de curiosité », celle-ci étant à la base de tout apprentissage. Il considérait que le bébé, comme tout un chacun, est relié au monde non seulement par le lien « amour » et le lien « haine » mais également par le lien « connaissance ». Freud avait parlé aussi de « pulsion de savoir », mais il en situait l’émergence de façon plus tardive.

Le besoin de connaître, de savoir part toujours d’un point d’ignorance, et de la douleur qu’elle produit. Mais la connaissance elle-même génère de la douleur. Elle conduit à une prise en compte de la réalité, de l’altérité. L’ignorance peut alors servir de protection contre la blessure qu’inflige le savoir. L’ignorance comme la connaissance peuvent être partagées. La connaissance a d’ailleurs besoin d’être partagée pour se constituer comme telle chez un sujet. Mais ce partage peut à son tour menacer le lien à ceux qui auraient accès à ce savoir. C’est alors le secret qui s’imposera au sujet, avec ses effets protecteurs mais aussi ses effets toxiques.

Les intervenants à ce colloque s’attacheront à mettre en évidence le travail de l’infantile dans le déploiement des processus de connaissance et d’ignorance, à tous âges et chez tous sujets.
Ce colloque intéressera tous les praticiens du soin, de l’accompagnement, de l’éducation…

Claudine Blanchard-Laville interviendra le vendredi 5 avril à 14h00 sur la thématique : Capacité négative, formation et transformation


Centre de Congrès, Espace Fauriel
23, rue Ponchardier • 42 100 Saint-Etienne

>> Inscription en ligne sur le site de Alpace par ici

Parution du numéro de la revue Cliospy n°30

revue cliopsy

Ce trentième numéro de la revue Cliopsy est un numéro varia composé d’articles qui nous sont parvenus en dehors des réponses aux appels à contributions pour les dossiers que nous sommes en train de constituer pour les numéros à venir.

Quatre articles de recherche ouvrent ce numéro 30 qui ponctue quinze années de parution.

Dans Les jeunes migrant·es en mal d’accueil: des adolescent·es inimaginables ?, Svetoslava Urgese et Gaia Barbieri proposent une exploration à deux voix des processus imaginatifs groupaux à l’œuvre auprès d’adolescent·es qui sont en situation migratoire et sont aux prises avec les blancs et les silences de leurs histoires transgénérationnelles. À partir de leur regard rétrospectif sur leurs recherches doctorales et reprenant l’analyse de leurs rencontres avec deux jeunes migrants, elles montrent comment ceux-ci, ignorant tout de leurs histoires, font appel à la potentialité imaginante des collectifs qui les accompagnent et comment ces collectifs doivent faire face à l’inimaginable et à l’indicible du traumatisme migratoire. Elles proposent alors la notion de remembrance imaginante collective comme processus se déployant dans les groupalités qui accueillent ces adolescent·es.

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Entretien avec Claudine Blanchard-Laville

claudine blanchard laville

Cliopsy. Un courant de recherches cliniques d’orientation psychanalytique en sciences de l’éducation et de la formation

claudine blanchard laville

Arnaud Dubois et Claudine Blanchard-Laville

M. Guignard : Claudine Blanchard-Laville, Arnaud Dubois, je vous remercie d’avoir accepté de participer à cet entretien. Claudine Blanchard-Laville, vous avez contribué à structurer un courant de recherche, le réseau Cliopsy, qui promeut une approche clinique d’orientation psychanalytique dans la discipline Sciences de l’éducation et de la formation. Pourriez-vous, pour commencer, rappeler le contexte de la naissance de ce courant ? 

C. Blanchard-Laville : Oui, le courant Cliopsy a vu le jour en 2003 à la suite de ce qu’on nomme entre nous les journées de Nanterre pour lesquelles nous avons essayé de réunir le plus largement possible les praticiens et les enseignants-chercheurs de la discipline sciences de l’éducation qui se référaient à la psychanalyse à ce moment-là dans leurs travaux de recherche ou dans leurs enseignements. On peut considérer aujourd’hui ces deux journées comme le premier colloque Cliopsy. Les interventions portaient principalement sur l’accompagnement des étudiants inscrivant leur thèse ou leur mémoire de master dans cette orientation. Mais la rencontre de l’éducation avec la psychanalyse a commencé bien avant.

A. Dubois : En effet, l’histoire du courant associant éducation et psychanalyse trouve son origine au début du XXsiècle avec le texte de Sándor Ferenczi paru en 1908 et intitulé Pédagogie et psychanalyse et les cinq textes de Sigmund Freud sur l’application de la psychanalyse à la pédagogie publiés entre 1913 et 1933. Parmi les pionniers, Oskar Pfister, August Aichhorn, Siegfried Bernfeld, Anna Freud, et beaucoup d’autres ont joué un rôle décisif dans cette extension de la psychanalyse à l’éducation. Ces premiers travaux ont été prolongés notamment dans la Revue de pédagogie psychanalytique qui paraît à Vienne, en Autriche entre 1926 et 1937. Plusieurs articles de cette revue importante pour ce courant restent encore inaccessibles en français malgré les recherches pionnières et les publications de Jeanne Moll,…

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Entretien avec Bernard Golse

Bernard Golse
Conférence dialoguée avec Bernard Golse à découvrir dans la dernière parution de la revue Cliospy n°29.
Bernard Golse

Claudine Blanchard-Laville, Bernard Pechberty, Bernard Golse Cliopsy 2023/1 (N° 29)

Claudine Blanchard-Laville : Bonjour Bernard Golse. Un grand merci à toi de nous faire l’honneur et le plaisir d’avoir accepté notre invitation pour l’avantdernier moment de notre congrès Cliopsy 2022, d’autant plus qu’hier encore, tu étais à Lyon pour un exposé à dimension épistémologique au colloque de la WAIMH France intitulé Refus du bébé. Merci d’avoir réussi à satisfaire ces deux demandes qui, par chance, ne se chevauchaient pas.Tu es actuellement : Pédopsychiatre-Psychanalyste (Membre de l’Association Psychanalytique de France, l’APF), Ancien Chef du service de Pédopsychiatrie de l’Hôpital Necker-Enfants Malades (Paris), Professeur émérite de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université Paris-Cité, Président de l’Association Européenne de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent (AEPEA) et Fondateur de l’Institut Contemporain de l’Enfance, pour n’indiquer que tes titres officiels principaux.Lors de notre dernier échange, tu t’es étonné que nous n’ayons pas imaginé un intitulé pour ce moment du congrès. Peut-être avions-nous envie de nous éloigner de l’aspect magistral du modèle de la conférence ? En tout cas, pour ma part, j’ai été largement influencée par mon écoute de la Rencontreauteur que la plateforme Cairn a réalisée pour toi récemment, un entretien au cours duquel tu répondais librement aux questions de ton intervieweuse. D’ailleurs, toi-même tu nous as indiqué, lors de notre échange, qu’au-delà des grands thèmes que je t’avais proposés, tu ne souhaitais pas connaître nos questions à l’avance pour laisser place à davantage de spontanéité, ce qui nous convenait parfaitement…

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